• Les phryganes (Trichoptères) sont nombreuses à venir à la lumière. Elles ressemblent aux papillons et les débutants peuvent facilement les confondre. Contrairement aux papillons, ils n'ont pas d'écailles sur les ailes et ont des pièces buccales atrophiées ou de type broyeur (comme un criquet, la plupart des papillons ont une trompe).
• De très nombreux diptères : chironomes, moustiques, drosophiles, tipules, etc... Ils arrivent parfois en nombre impressionnant, des milliers voire des dizaines de milliers, surtout en juin-juillet. On ne peut alors éviter d'en avaler quelques uns lorsqu'on s'approche de la lampe. L'avantage est que les moustiques attaquent surtout au crépuscule et peu durant la nuit noire.
• Des araignées. Il s'agit surtout d'espèces qui chassent en se déplaçant sur le sol. Pas gênantes et pas agressives, mais elles peuvent voler un ou deux petits papillons. De même, les opilions viennent assez souvent à la lumière et très souvent à la miellée pour s'en nourrir. On peut souvent observer des accouplements. Les mille-pattes, en particulier les iules et les lithobies visitent aussi régulièrement la miellée.
• Des punaises aquatiques, type Sigara spp.. Habituellement, on n'en observe que quelques dizaines, mais il m'est arrivé une fois d'en attirer une quantité astronomique dans une prairie sèche de la Vienne. Il y en avait peut-être des millions. Je pouvais les prendre par poignées entières... Innofensives, mais désagréables car on en a partout dans ce cas... Il faut savoir que beaucoup d'insectes aquatiques sont capables de voler lorsqu'ils sont adultes et qu'ils se déplacent par la voie des airs pour coloniser de nouveaux points d'eau.
• Des notonectes. Même remarque que précédemment, sauf qu'il faut éviter de les prendre en main car ils piquent. Ils ne sont jamais présents en grand nombre. Parfois, j'ai aussi la visite d'une nèpe.
• Des dytiques et des hydrophiles. Ce sont des coléoptères aquatiques. Ils ne viennent jamais en grand nombre, mais l'arrivée d'un gros hydrophile brun est impressionnante. Il s'agit du plus gros coléoptère de Belgique. Il est inoffensif mais les épines de ses pattes sont plutôt désagréables. Et comme tout bon gros coléoptère, il fait le bazar autour de la lampe...
• Des carabes, aussi bien les espèces qui volent que celles qui ne volent pas. C'est toujours un plaisir de voir arriver un carabe doré. Les carabes à pattes rouges (genre Pseudophonus ?) le sont beaucoup moins. Ils volent, sont souvent nombreux (encore qu'ils ne sont pas présents sur mes sites actuels) et vont partout... Quand je dis partout, c'est partout : dans les cheveux, les vêtements, et même les sous-vêtements... c'est à dire vraiment partout... ça gratte, mais ils sont inoffensifs, heureusement...
• Les longicornes et les lucanidés, tout au moins certaines espèces, sont facilement attirées. Les petites espèces ne sont pas gênantes, mais les grosses espèces ont tendance à être très remuantes et à faire le bazar au milieu des frêles papillons. Il vaut mieux les attraper et les conserver dans une boîte jusque la fin des observations.
• Les hannetons sont fréquemment attirés sur les sites où ils sont présents. L'utilisation de la lumière est une bonne méthode pour les rechercher.
• Des vers-luisants Lampyris noctiluca. En fait, seuls les mâles volent et viennent à la lumière. Petits et très calmes, on les remarque à peine. On voit parfois une femelle postée dans les alentours mais elles ne semblent pas attirées par la lumière. Une fois, j'en ai ramassée une pour l'observer dans ma main. Au bout de 30 secondes un mâle est arrivé et lui a sauté dessus pour lui faire son affaire...
• Parmi les autres insectes à carapace, on peut citer les nécrophores fréquemment attirés par la lumière. Ces coléoptères nourrissent leurs larves de cadavres de petits mammifères et d'oiseaux qu'ils enterrent dans le sol. Ils sont presque toujours infestés d'acariens phorétiques.
• Les forficules sont presque toujours présents sur les postes à miellée, parfois en grand nombre. Ils viennent parfois à la lumière aussi.
• Occasionnellement, on peut attirer des papillons de jour, comme des piérides, des mélitées ou des argus qui s'étaient endormis à proximité de la lampe. Ca arrive surtout en prairie avec des espèces qui dorment dans les graminées. De la même façon, j'ai déjà attiré des agrions (demoiselles) en plein milieu de la nuit.
• De nombreux hyménoptères parasitoïdes. Ce sont des sortes de guêpes qui pondent leurs œufs dans le corps d'autres insectes, en particulier des chenilles. Les larves de guêpes se développent alors en dévorant leur hôte vivant de l'intérieur. Ils sont inoffensifs pour l'homme mais la piqure de certaines espèces (notamment les genres Ophion ou Netelia) est très désagréable. Ca doit être le seul insecte qui m'a piqué sans raison apparente, mais dans 99% des cas, ils se contentent de tourner autour de la lampe.
• Beaucoup moins agréable, les frelons peuvent être attirés, surtout si un nid se trouve à proximité. Ils ne sont pas agressifs, mais la prudence est recommandée. Dans ce cas je ne peux que conseiller de choisir un autre endroit.
• Les sauterelles, les criquets et autres grillons sont rarement attirés par la lumière. Parfois des tétrix viennent me rendre visite. Néanmoins, les sauterelles (notamment Leptophyes punctatissima, Pholidoptera griseoaptera, Meconema spp.) sont très souvent attirés par la miellée. Il est très drôle de voir 4 ou 5 méconèmes se nourrir ensemble sur un même poste et faire des sprint sur les troncs des arbres.
• Très surprenant, j'ai déjà eu écho d'écrevisses qui venaient jusque la lampe. Cela ne m'est pas encore arrivé, mais il faut savoir que certaines écrevisses n'hésitent pas à se déplacer sur la terre ferme et sont attirées par la lumière.

Figure 1 : Une phrygane.

Figure 2 : Un accouplement d'opilions à côté de la miellée.

Figure 3 : Un grand hydrophile brun (Hydrophilus piceus) venu à la lampe.

Figure 4 : Une femelle de vers luisant.

Figure 5 : Un nécrophore (Nicrophorus humator) avec ses acariens phorétiques.

Figure 6 : Un ichneumonidé.

Figure 7 : Trio de sauterelles à la miellée : Leptophyes punctatissima (gauche) et Meconema meridionale (centre et droite).

• Les tritons en phase terrestre.
• Les grenouilles rousses qui peuvent même escalader ma pyramide pour se rapprocher de la lampe.
• Les rainettes. A ce titre, je me souviens d'un individu qui s'obstinait à revenir sur la lampe, même lorsqu'on l'éloignait de plusieurs dizaines de mètres.
• Les crapauds. Je n'ai pas souvenir d'en avoir vu venir à la lampe, mais on peut facilement en trouver qui chassent à proximité.

Les oiseaux

De manière très étonnante, même les oiseaux peuvent être attirés. En fait, ils ne sont pas forcément attirés par la lumière, mais plutôt par les insectes qui tournent autour. Il s'agit surtout d'oiseaux prédateurs.

• Le faucon hobereau Falco subbuteo chasse les insectes volants au crépuscule. Si les insectes sont nombreux à voler autour de la lampe, il peut être tenté d'en attraper quelques uns. Je me souviens d'un individu qui faisait du sur-place devant moi pour trouver un angle d'attaque possible. Il changeait régulièrement de place pour chercher un nouvel angle. Son petit manège avait duré plusieurs minutes à mon grand plaisir.
• Les chouettes et hiboux. De la même façon que les faucons, ils peuvent être tentés d'attraper les insectes qui tournent autour de la lampe. Accessoirement, il convient de faire attention avec les longs cheveux car ils peuvent les confondre avec un écureuil ou un autre petit mammifère. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème, mais je me souviens avoir vu une chouette hulotte (ou un autre rapace nocturne du même gabarit) manquait de fondre sur moi dans mon dos. Il a renoncé lorsqu'il s'est rendu compte que l'animal était plus gros que prévu. Par contre, dans la Vienne, une chouette effraie m'a fait bien peur. J'étais accompagné d'un ami qui n'avait qu'une lampe torche en main. On s'était placé dans une clairière en bordure d'une carrière de calcaire. Vers minuit trente, alors que tout était calme, une effraie a fondu sur sa lampe torche. Elle l'a prise dans ses serres et s'est alors aperçu qu'elle était face à un humain. Elle a alors tout lâché et a disparu comme elle était venue. Le gars n'a même pas bronché. Pourtant, une effraie, blanche et de près de 1m d'envergure en pleine nuit, c'est pour le moins impressionnant !
• Bien que pas attirés par la lumière, on peut souvent entendre des oiseaux chanter la nuit ou au crépuscule. C'est le cas notamment de l'engoulevent (Caprimulgus europaeus), des rapaces nocturnes et le Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos). La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) chante souvent à partir de 2 heures du matin.

Les mammifères

Les mammifères constituent probablement les observations les plus spectaculaires de nuit. A peu près toutes les espèces peuvent être observées. Le gros avantage de mon matériel est qu'il est totalement silencieux et cela effraie moins les animaux. Ils sont souvent éblouis par la lampe et ne se rendent parfois même pas compte de ma présence.

• Les hérissons ne sont pas craintifs la nuit et je vois souvent des individus fureter à proximité. Ils peuvent venir jusqu'à quelques mètres, mais je n'en ai jamais vu venir jusque la lampe. Ils ne sont visiblement pas intéressés par les insectes qui s'y trouvent. Une fois, j'ai pu assister à la parade nuptiale et à un accouplement à quelques mètres de ma lampe. Ils étaient sans doute trop occupés pour se soucier de ma présence.
• Les chevreuils constituent parmi les plus belles observations que j'ai faites. On les entend souvent aboyer au printemps et en été ou se balader à travers les branchages. Ils sont souvent intrigués par la lumière bleue qu'ils n'ont pas l'habitude de voir la nuit. Ils ne s'attendent souvent pas à tomber sur un humain et s'approchent parfois très près de la lampe. Etant complètement éblouis, ils ne remarquent même pas ma présence. Une fois, un brocard est même venu à 4 mètres de moi sans aucune crainte. Il est ensuite reparti tranquillement comme si je n'étais pas là.
• Les rongeurs et les musaraignes ne sont pas attirés par la lumière, mais j'en vois parfois fureter à proximité de la lampe quoiqu'ils restent très craintifs. Cela inclut les surmulots et les rats musqués.
• Les lérots peuvent être observés dans les sites favorables mais ils sont également très craintifs. Ils ne sont pas attirés par la lumière, mais se baladent dans les arbres. Quelques fois, j'ai pu en voir venir lécher ma miellée. Visiblement, ils aiment l'alcool !
• Les sangliers peuvent passer à proximité. Je ne les ai jamais vus, mais à au moins une sortie, j'ai entendu les grognements d'une harde qui me contournait.
• Les mustélidés sont habituellement très craintifs, mais certains individus plus téméraires peuvent s'approcher. De même ils ne sont pas vraiment attirés par la lumière et c'est plutôt le hasard qui provoque la rencontre. Je me souviens d'une martre qui traversait le chemin à une dizaine de mètres de moi. Elle est passée dans un sens et 45 minutes plus tard dans l'autre sens, exactement au même endroit. A chaque fois, elle a fait une halte quelques secondes pour m'observer. Une autre fois, un putois ou une fouine se déplaçait le long d'un chemin forestier dans ma direction. Ebloui par la lampe, il ne me voyait pas. J'ai malheureusement éternué à cause d'un moustique alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres et a disparu dans les buissons.
• Je n'ai jamais vu de blaireau lors de mes sorties mais je ne serai pas surpris que ça arrive un jour. Toutefois, à l'époque où je partais en vélo faire mes sorties nocturnes, j'ai eu la chance d'en surprendre un au bord d'une petite route.
• A plusieurs reprises, j'ai eu la chance d'observer des renards lors de mas sorties nocturnes. Les rencontres ont eu lieu le plus souvent au crépuscule, mais aussi au milieu de la nuit. Il s'agit habituellement de jeunes qui n'ont pas encore trop peur des humains. Parfois, ils gambadent à quelques dizaines de mètres sans se soucier de ma présence, d'autres fois ils restent assis à m'observer, mais le plus souvent, ils sont simplement surpris de me tomber dessus... Je me souviens d'un jeune renard qui ne m'avait pas vu à cause des hautes herbes et était passé à 2 ou 3 mètres seulement de ma lampe.
• Les chauve-souris sont observées quasiment à chaque sortie nocturne, sauf en hiver lorsqu'elles hibernent. Elles n'ont pas peur de l'homme et certaines n'hésitent pas à passer à quelques dizaines de centimètres de ma tête... voire à voler des papillons très près de la lampe...
• Je crois que la rencontre la plus étonnante que j'ai faite a été un lapin. Je me trouvais dans une friche envahie par une végétation herbacée haute de 1m50. Au milieu de la nuit, j'ai entendu un animal venir droit vers moi. Sur le coup, j'ai eu peur qu'il s'agisse d'un chien à cause des habitations toutes proches. Mais il est venu jusqu'à mes pieds, a relevé la tête et s'est aperçu qu'il était face à un humain. Il a alors déguerpi à toute vitesse... Je ne sais lequel des deux était le plus surpris...

Figure 8 : Un triton alpestre.

Figure 9 : Une grenouille rousse escaladeuse !

Figure 10 : Une chouette hulotte. Source : Rodrigo Saldanha de Almeida from Marco de Canaveses, Portugal

Figure 11 : Un couple de hérissons très occupés !

Figure 12 : Le brocard venu à 4 m de moi.

Figure 13 : Un lérot... alcoolique ?

Figure 14 : Un renard.

Figure 15 : Un groupe de lapins.